Madagascar figure parmi les pays qui ont enregistré les plus importantes augmentations de nombres de nouvelles infections au Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) depuis 2015. Lors de la réunion du Ministère de la Santé Publique avec les partenaires techniques et financiers en octobre 2024, il a été constaté l’évolution pour les cas dépistés : 6705 de cas ont été dépistés en 2018 et 9277 cas dépistés en 2019. Ces chiffres ont doublé entre 2023 et 2024 : 17.073 cas ont été enregistrés en 2023 et 19.407 cas en juin 2024. « Cette augmentation persistante montre qu’elle pourrait se propager rapidement si de rien n’est fait pour l’arrêter dans l’immédiat », déclare Anne Gituku-Shongwe, Directrice régionale de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique Centrale. La Forum Génération Egalité (FGE), Coalition « Droit de Disposer son corps et Santé et Droits Sexuels et Reproductifs Madagascar souligne lors de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre 2024, que prévenir la propagation du VIH/SIDA est vitale pour l’avenir de la Grande Ile. « Il faut agir maintenant en investissant dans l’Education Complète à la Sexualité. Cela ne se fera qu’en faisant de la prévention, des dépistages et en faisant de la communication pour un changement de comportement afin de déstigmatiser les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Nous pourrons bâtir une génération mieux informée, responsable et capable de se protéger », affirme la coalition. Depuis 2015, FGE constate une baisse progressive de la prévention en matière de VIH. « On a ainsi vu des restrictions progressives aux interventions de la société civile en milieu scolaire, avec comme fait marquant, la sortie d’une note du Ministère de l’éducation nationale en novembre 2023 interdisant les démonstrations de méthodes contraceptives en milieu scolaire y compris les préservatifs, ce qui est en contradiction avec les lois et engagements de Madagascar », a-t-elle indiqué. La coalition réitère que utiliser un préservatif est crucial dans cette lutte contre le VIH/SIDA. « Il est donc nécessaire d’éduquer la population et en particulier les jeunes à l’utilisation du préservatif car les statistiques démontrent que quel que soit le niveau de vie des hommes et femmes Malagasy, l’utilisation du préservatif est anecdotique. Les jeunes sont l’avenir de notre nations, aidons les à savoir se protéger, et cela dans le cadre d’une éducation sexuelle sans réserve ». Le 22 octobre 2024, lors du colloque régional sur le VIH/SIDA, la Première Dame Mialy Rajoelina, a appelé à agir avec détermination : « Nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte contre le VIH/SIDA. La sensibilisation est nécessaire pour éduquer la population et briser les chaînes de l’ignorance. Il est impératif d’encourager des discussions ouvertes et honnêtes sur la sexualité et la protection, que ce soit à la maison, à l’école ou entre amis. Ce n’est pas un sujet honteux, c’est une nécessité. Il est essentiel que les parents soient ouverts à ces discussions. Notre culture peut parfois ériger les barrières mais il est temps d’encourager l’ouverture de l’esprit. Les écoles doivent devenir des lieux où l’éducation sexuelle est enseignée sans réserves, pour permettre aux jeunes d’accéder à l’information dont ils ont besoin afin de faire des choix éclairés ». Un mois après le colloque, la note 2023 -862/MEN/SG n’est pas encore abrogée.
Lynda A.